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 Concessions obscures dans le Temple de Mars

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2 participants
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Aalia

Aalia


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MessageSujet: Concessions obscures dans le Temple de Mars   Concessions obscures dans le Temple de Mars Icon_minitimeDim 6 Déc - 16:05


Concessions obscures dans le Temple de Mars

Quelques ombres dansent sur les murs, projections déformées sur le dôme des Cranes étranges disposés près des bougies. Le temple, éclairé ainsi, semble plus petit et ramassé encore, comme un animal qui fait semblant de dormir, les courants d'air froid laissent voleter des volutes de fine poussière rougeâtre entre les pieds des Martiens massés pour la cérémonie. Un raclement glaireux de Grouchy, quelques trainements de pieds impatients, un fin feulement dévoilant l'étirement sensuelle d'une féline impatiente, la respiration sifflante du leader Galactus, blême perturbent à peine le ronronnent régulier des machineries et le claquement sourd de la Turbine qui souffle au dehors. Quelques volutes d'encens s'élèvent d'une omoplate gravée posée sur l'autel. La grande prêtresse s'avance vers l'autel, la carcasse presque propre, et pomponnée. Elle semble songeuse, tout en préparant en silence les objets du culte, peu attentif à ce qu'elle fait.

"Bonsoir... J'avais prévu de vous parler des Grands Martien et de mes dernières méditations mais une autre idée m'est venue, et j'aimerais vous raconter une petite histoire, une histoire pour les enfants, pour Noël, quelque chose de beau et tendre comme un doudou, et un peu cruel bien sur, tous les contes sont cruels. O !, je sais, vous allez dire que vous êtes au dessus de tout ça, et que les allégories des contes sont toujours un peu... hmmm... faciles. Vous aurez raison. Mais parfois, il est bon d'être simples : on m'a reprochée d'être trop noire – hihi, la dernière fois que je me suis adressée à tous, alors j'espère que cette fois, et bien... cette fois vous verrez."


"Or donc, j'aimerais raconter une petite histoire aujourd’hui, une histoire jolie. Je raconte pour les enfants, ceux que j'ai croisé aujourd'hui dans cet univers, ceux qui sont, géants, juchés sur les engins trop grands pour eux, et ceux qui attendent encore la Main Gigantesque qui les a amené là, et ceux qui tapent du pied et des mains devant la petite fille à la salopette orange... "La pyramide des martyrs obsède Mars", disait l'un."

"L'enfant aux joues rouges et rebondies babille à peine. A quatre pattes sur ses genoux éternellement écorchés, il marche d'un pas lourd comme un géant, écrase le sol et terrifie les fourmis. Curieux, il saisit un scalpel, le porte à sa bouche et s'aperçoit à peine qu'il saigne, il est seul, pourquoi pleurer ? Et s'amuse à éventrer l'ours en peluche offert par un oncle indifférent."

"Qui a laissé trainer le scalpel, qui l’a abandonné ici ? L'enfant joue, indifférent à la main énorme qui l'a conduit ici, et qu'il oublie déjà, pas encore préoccupé, encore ignorant que personne ne viendra plus jamais. Tout ceci n'est qu'un jeu et chaque jeu nouveau chasse l'ancien, vers l'oubli : l'enfance n'a pas d'histoire, rien qui semble différent, rien qui vaille qu'on s'y attarde, tout sera semblable demain, tout sera différent, et quelle importance, qu'est "demain" ?"

"D'autant qu'il n'est pas seul. Il y en a d'autres, nullement étonné de les trouver là - il n'aurait pas été plus surpris d'être seul, il s'avance dans la foule des semblables, le scalpel à la main, refusant catégoriquement de le prêter. Peut on savoir si l'objet de métal qui se réchauffe peu à peu dans sa main maladroite et boudinée n'est qu'un jouet parmi d'autre, aussi unique et semblable que le défilé des morceaux de plastique et de bois amusants ? A quel moment aura-t-il conscience de son propre pouvoir ?"

"Bien après que l'enfant aura éventré son premier semblable, bien sur, il ne sait, ne prévoit rien qui n'ait été essayé, testé, et le sang de la jolie blonde aux couettes et à la salopette orange avait une si joli couleur, et les autres tapaient dans leurs mains en regardant le jet irrégulier qui jaillissait vers le ciel, et tapaient du pied, et ils voulaient essayer. Le jour du premier meurtre fut celui du premier massacre aussi, car il fallait bien essayer, n'est-ce pas ?"

"Les meurtres cessèrent après, lorsque l'odeur de la petite fille à la salopette orange fut intolérable et qu'il fut décidé que c'était mal. L'entassement des cadavres dans un coin fut le premier véritable acte commun qu'ils firent, leur première pyramide et la première fois que des ordres furent nécessaires. Et ceux là qui avaient encore du mal à coordonner leurs membres durent apprendre à se coordonner entre eux. Ce jour là, il y eut un premier chef."

"Savaient-ils que le tas de cadavre avait été disposé contre la porte qui leur avait permis d'entrer, là où la main gigantesque les avait touché pour la dernière fois ? Je crois qu'ils avaient déjà oublié, mais ils avaient ainsi symboliquement accepté leur enfermement. Rien ne viendrait plus, et on raconte que la cité qu'ils bâtirent n’avait aucun modèle, aucun équivalent dans l'histoire des hommes passés. Mais on dit aussi que quelque chose est arrivé, que les enfants n'étaient pas seuls, pas les premiers, et que quelque chose s'était glissé parmi eux, plus grand et plus ancien qu'eux, et que leur chair parfumée et leurs os fragiles n'avaient pu encore s'endurcir assez pour y résister."

*Aalia s'interrompt, semblant ne faire que marquer une pause pour continuer son histoire, comme si elle savourait l'instant, ou comme si elle hésitait sur la meilleure façon de poursuivre, mais au bout de quelques minutes il semble évident que l'histoire est terminée. La tête penchée sur le côté, elle est songeuse, comme soumise à un débat intérieur. Lentement, elle fait les gestes du rituel, prononce les mots mécaniques ancrés en elle et, les mains sur la dalle de pierre froide de l'autel, le visage à peine éclairé, plusieurs bougies se sont éteintes, libérant une odeur forte de graisse, pendant son discours. Les yeux seuls jaillissent comme des pierres brillantes de la masse sombre et flamboyante de la Grande Prêtresse lors des derniers gestes, alors que l'apaisement et la force envahit l'auditoire.

"Les Grands Martiens observent vos choix. Que vos mains fortes et puissantes saisissent le silex et le métal : nos mains saigneront et notre peau durcira dans l'hypnose rituelle, mais nous serons prêts."


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Grouchy

Grouchy


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MessageSujet: Re: Concessions obscures dans le Temple de Mars   Concessions obscures dans le Temple de Mars Icon_minitimeDim 6 Déc - 21:11

Je n'y crois pas...on l'a laissé ouvrir une crèche.

Gardez moi les survivants...ils ont de l'avenir.

Chienne de vie.
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