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 Unité de Mars

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Aalia

Aalia


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MessageSujet: Unité de Mars   Unité de Mars Icon_minitimeDim 29 Nov - 0:18



Unité de Mars

Aalia est assisse au centre de son temple, sur une chaise de métal simple apparemment qui jure comme une pièce rapportée. Les jambes allongées devant elle, le dos calé sur le dossier, elle se balance sur deux pieds, portant régulièrement un verre de pamplemousse à ses lèvres.

Le temps s'écoule, le dôme bas et pesant habité des seuls bruits du vent, le crissement de la chaise sur les grains de sable qui s'infiltrent partout. Seules quelques lueurs éclairent à peine la scène dans les fumées de résines odorantes. Les mains gourdes dans la température glaciale du temple tiennent le verre et le remplissent régulièrement de ce liquide divin, la bouteille posée à terre, près d’Aalia. Lentement. Chaque seconde compte, défile et repart dans son unicité discrète.

La Grande prêtresse, marmonne quelques mots pour elle-même et regarde autour d’elle. Quelques grincements semblent répondre, qui se faufilent un chemin depuis les entrailles souterraines du temple jusqu'aux résonances du dôme. Les alcôves recelant les nombreuses et précieuses reliques de Mars ont été nettoyées et réarrangées. La fumée monte des encensoirs de cérémonie, omoplates humaines sculptées avec patience durant les nuits aux vents rongeurs de métal. Les bancs ont été astiqués et les rouages internes du temple sont parfaitement rodés, la climatisation silencieuse et quelques bougies prêtes à être allumées...

La grande prêtresse svelte et fine savoure un instant de silence et de communion secrète, dans la quasi obscurité du temple. Les béotiens et les ouailles ne sauront jamais savourer la vérité des temples de métal, réseau d'échos dispersés et réunis. Aalia enregistre un mouvement dans un coin de la salle, ombre mouvante, nette dans la périphérie du champ de vision, sans se retourner. Un artefact d'écho sans doute. Elle préfère de loin la sérénité qui règne pour le moment dans le temple vide, à la bousculade qui règne autour du dernier plateau de petits fours au poulet reconstitué dans la salle commune reconvertie en salle de réception sous les ordres de Grouchy et les conseils décoratifs avisé du préservatif de Mars attacks

Le recueil glacial régule les impatiences, se dit-elle.

Les grincements des pièces de Métal qui s'ajustent mal. Le souffle froid qui agite la poussière rouge aux pieds de la poignée de Martiens assis dans cette pièce trop basse de plafond. Une odeur de fleurs entêtante comme la lèpre mêlée aux vapeurs acres d'encens.

Des bougies ont été allumées dans les alcôves sombres, projetant les ombres déformées de crânes humains, semblent aux regards tremblotants sur l'assistance, si proches de la foule que la brulure d'une goute de cire chaude vient parfois se mêler au froid glacial sur la peau d'une ouaille.

Leur casque sur les genoux, les Martiens ont conservé leur scaphandre, arborant les signes de leur appartenance, Pamplemousse ou Rosé-menthe. L'occasion est assez rare, les dignes combattants de Mars Attacks sont sur leur trente et un. Enfin, tant que possible, disons qu'aucune trace de rouille ni de putréfaction n'est visible sur les parties apparentes de leur uniforme. Ils sont des vétérans et baroudeurs au regard perçant...

La foule fait peu à peu silence, les jeux de mots cruels et la provocation faisant place à l'attente et au recueillement.

Revêtue d'une aube neuve, elle passe par une petite porte et s'avance lentement vers l'autel. La Grande prêtresse a le regard clair et les traits presque détendus. Quelques secondent tombent dans le silence alors qu'elle regarde l'assemblée illustre qui s'est serrée dans le temple étroit et bas de l’alliance. Elle toussote et prononce quelques mots simples qui résonnent clairement dans le silence.

Les Martiens attendent.

« C'est une race patiente que celle là qui poursuit inlassablement l'œuvre sans cesse éloignée. Les enfants des enfants des enfants de nos enfants ?
Et cette patience qui les habite, ce dévouement sans réserve pour une cause belle et noble, la propagation de la vie sur une nouvelle planète, nouvelle Mars. La quête de l'assimilation suprême, recréer à main d'homme ce que la nature a fait de leur ancienne planète.
Et qu’importe les cadavres laissés sur le bord de la route. Qu'importe les radiations, qu'importe les massacres. Puisque nos enfants continueront notre travail... Nos enfants ?

Même pas, les générations continues et sans histoire accouchées par le Passeur d'Ames.
L’Univers nous crache, il nous chie à la surface de Mars, enfant avec son lance pierre qui lance ce qu'il ramasse, le silex comme l'ordure.
Pour l'instant c'est ce que nous avons fait de Mars, ordure et labeur abscons.
Combien agissent encore comme si Mars était vide ?
L'aveuglement sidérant des zélotes...
Combien agissent surtout comme si Mars était morte, caillou sans vie, sans forme, crée uniquement pour être notre chantier éternel.

Rien ne viendra du désert que la mutilation, la déception et la mort.
Les superstitions, encore, ressac contrapuntique des ivresses vagues. Il est si confortable de ne voir que le caillou ou la cuiller pour mieux espérer que tout s'arrangera.

Quelques flaques de sang qui auront été des hommes seront appelés pour une minute héros ou traitres et le sol n'en conservera rien, et les hommes les oublieront.
Nous n'avons pas de générations, pas d'histoire. Aberration calculée.

Parmi le tas de rebuts hétéroclites qui a été craché par le métal, quelques âmes se sont voulues autre chose qu'instrument. Ils ont pensé, se sont isolés, coupés du monde parfois.

L'odeur du sang à venir les enivrait, fascinait parfois. Ils se savaient seuls. Ils n'ont pas cru à l'illusoire salut, ni à la malléabilité d'un monde qui est plus qu'un roc.

Alors l'absurde labeur a été vu pour ce qu'il était. Une épreuve quotidienne qui forge et renforce, et non un ticket de participation pour la tombola des siècles. Il a pris sens comme le rocher inerte prend sens lorsqu'il permet au silex de s'aiguiser. Et des forteresses ont été bâties jour après jour sur les os brisés et les organes broyés des béats.

Des sacrifices ont dû être faits. Les Martiens d’origine et des étrangers ont conclu des trêves contre-nature, liés par l'amour partagé pour Mars la belle, la réelle. Car depuis longtemps il n'y avait pas eu sur Mars de Faisceau de volonté plus large et uni que celui-ci. L'union n'est pas venue des parasites génomorphiques et béats gavé d'espoir et de miel mais d’âpres et rudes individus à la réputation parfois douteuse, au corps lacéré par l'épreuve et à l'âme affinée dans le conflit. Les guerres remisées, l'union des Récolteurs et des Distillateurs a ouvert à la communauté plus de porte que bien des "pro-communautaires" n'ont su le faire. »

Aalia s'interrompt, elle semble avoir perdu le fil de ses pensées pendant presque une minute... elle passe à nouveau en revue les visages de son auditoire... Lorsqu'elle reprend la parole, sa voix tremble légèrement et un tic nerveux agite sa joue blanche.

« Et je n'ai pas grand chose à ajouter. Il ne s'agit pas tant de célébrer, d'honorer ces hommes qui ont rendu cela possible. Il ne s'agit pas d'acclamer notre gourou Galactus pour son savoir et sa technique acquise dans la ténacité. C'est d'abord une émotion que je tiens à partager, celle de voir autant de personnes œuvrer pour un but réel, concret, et difficile. Nous avons réussi. Nous tous, et vous, chacun de vous. Merci d'être venu partager cela avec nous... une fois n'est pas coutume.

Merci.

Cette belle union, je ne peux que vous souhaiter qu'elle saura augmenter vos chances de survie au jour de la Purification et des Flots Sanglants.

Mais en attendant, communions dans l'amour de Mars et des Puissances natives qui nous portent et résonnent en nous. »

Aalia se penche vers l'autel, pose les mains sur un Crane aux proportions étranges qui semble se dissoudre en fine poussière lumineuse entre ses doigts.

Allez dans la beauté de Mars.

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